Le metal symphonique : un monde de belles et de bêtes ?

Il y a quelques mois, je suis tombée sur une chronique de Collapse, le dernier album d’Harpia Deiis, un bon groupe de death metal mélodique où un homme et une femme se partagent le chant. Le chroniqueur entamait son article en indiquant que le « metal à chanteuse » semblait prendre un nouveau tournant et abandonner le versant « metal symphonique à corsets » (en référence au look de ces chanteuses) pour aller vers des rivages plus death, à savoir plus violents.

Deux éléments m’ont choquée dans cette remarque, qui sont moins le fait du chroniqueur (il souligne par les guillemets la distance qu’il prend avec une telle appellation et remarque plus loin que l’effet de mode « corsets » ne relève pas toujours d’un choix de la part de ces chanteuses) que d’un discours ambiant sur la place des femmes dans le metal et plus particulièrement dans le metal symphonique.

Une place rudement acquise

Mais tout d’abord, qu’est-ce que le metal symphonique ? Ce site de référence le définit comme « la rencontre fortuite d’une guitare électrique et d’une partition classique sur une table de mixage », soit comme l’alliance de la musique metal et d’instruments classiques. Le métal symphonique n’est pas un genre mais une « modalité » du metal apparue dans les années 1990 et qui comprend plusieurs tendances auxquelles les puristes pourront se reporter : gothique, folk, progressive… La particularité de cette « modalité » du metal est qu’elle a, dès ses débuts, été marquée par la forte présence de chanteuses lyriques (même si, bien sûr, des groupes exclusivement masculins utilisent des éléments symphoniques) dont Tarja Turunen (Nightwish), Simone Simons (Epica), Liv Kristin (Leaves’ Eyes) ou Cristina Scabbia (Lacuna Coil, encore que ce groupe ne soit pas toujours reconnu comme symphonique) sont les plus connues. Le métal symphonique a eu l’immense importance de féminiser des groupes masculins en invitant des femmes à investir une position charismatique et en retour, de féminiser un public jusqu’alors très masculin.

Vingt ans plus tard, les choses ne sont pas gagnées. Il suffit pour s’en convaincre d’aller sur youtube lire les commentaires de certaines vidéos, par exemple ceux d’un live d’Epica au Rock Hard Festival en 2011 (vidéo ici). On y trouve des commentaires du style « Women dont belong in metal. Stop destroying this music. At least, stop labelling yourself as metal. », comme si les femmes risquaient de « dénaturer » le metal en prétendant à cette musique. Ce type de réaction machiste survient surtout dans le cadre de festivals metal au sens large, qui brassent plusieurs tribus dont les goûts divergent, certains honnissant le metal symphonique moins pour des raisons musicales que parce qu’une femme y chante.

Si la présence d’une femme est appréciée, elle l’est avant tout comme plaisir visuel[1] : la voix et la musique sont secondaires voire sans importance. Le magazine Revolver publie chaque année un calendrier des « Hottest Chicks in Metal » (« les nanas les plus chaudes du metal »), ce qui rappelle tristement à quel point ce type de publication s’adresse à un public masculin hétérosexuel pour qui prime avant tout la plastique de ces artistes (rappelons que Revolver est un magazine censé parler de musique !).

La belle face aux bêtes

Mais s’il faut se féliciter de la présence des femmes dans le metal symphonique où elles sont extrêmement nombreuses, force est de constater que les repères y demeurent extrêmement genrés.

Tout d’abord parce que la chanteuse cristallise le plus souvent un imaginaire réduit de la féminité, cantonnée à un rôle de déesse angélique ou de diva sexy un peu sorcière, entourée d’acolytes idéalement discrets. Dans la catégorie semi-divinité idéale, c’est par exemple Sharon den Adel (Within Temptation) jouant les Mère Nature sur la pochette de l’album Mother Earth. Ailes, aura, robe blanche, mains tendues en signe de don : les repères sont là.

Sharon semble d’ailleurs abonnée aux rôles d’allégorie, comme sur la pochette du plus récent The Heart of Everything. Elle y apparaît en figure de la Justice, les yeux bandés, là encore en blanc, trônant au centre de l’image (on reviendra sur cette mise en avant de la chanteuse par rapport à des musiciens à la présence discrète voire inexistante).

A l’opposé de l’idole à la pureté immaculée se trouve la tentatrice, un autre rôle bien connu et qui dépasse largement les frontières du metal symphonique. Sur la pochette de The Divine Conspiracy, Simone Simons (Epica) apparaît nue, le regard en coin, avec dans la main l’éternelle pomme du péché.

The Divine Conspiracy est un album dont le concept est le suivant : Dieu aurait mis à l’épreuve les hommes pour que ceux-ci reconnaissent que les religions, malgré leurs différences, sont toutes sœurs. Mais à regarder la pochette, image et titre se télescopent et créent une confusion inattendue : n’a t-on pas l’impression que c’est la femme la « conspiration divine » ? Le retour d’Ève ou de Pandore, au choix… Le groupe est-il conscient du discours de sa pochette et du triste rôle joué par Simone ? C’est pourtant elle qui, par sa voix, porte la complexité de l’album.

Le chant accentue lui aussi les rôles genrés, notamment lorsque les groupes usent de la tendance dite de « la belle et la bête », où la chanteuse dialogue avec un chanteur (toujours musicien également) : la femme assure le chant lyrique et l’homme les grunts[2] (un exemple ici). Il n’est pas ici question d’évaluer la valeur musicale de cette tendance, souvent très réussie, mais de comprendre ce qu’elle dit. Par la pureté de sa voix, la femme est angélique et sublime tandis que l’homme surjoue sa virilité jusqu’au bestial.

Tout ce qui pourrait nuancer cette répartition stéréotypée des rôles et montrer que les femmes peuvent occuper d’autres places que celle de chanteuse lyrique, comme la présence d’une autre femme assurant les grunts ou tout simplement d’une musicienne, est rare. Le clip de Nightwish, Bye bye beautiful le prouve par l’absurde : il remplace ses musiciens, lors des couplets, par de belles anonymes. Le clip est une métaphore du remplacement de la chanteuse Tarja Turunen par l’inconnue Anette Olzon. Mais n’est-ce pas le comble de le dire en remplaçant les musiciens par des femmes fantômes résumées à leur physique avantageux? Est-ce que le clip ne démontre pas malgré lui l’absence presque totale de musiciennes réelles dans le métal symphonique ?

Une exception notable parmi d’autres : le groupe Stream of Passion qui, dans son premier line-up, comptait une lead guitariste (elle effectuait donc les solos sur scène), Lori Linstruth. Il arrivait aussi que la chanteuse, Marcela Bovio, joue du violon en live. Le morceau de Kells « La sphère » fait office d’ovni en combinant deux types de chants féminins : Candice (de ETHS) y chante en duo avec Virginie, la chanteuse du groupe, l’une assurant principalement les grunts et l’autre le pendant aigu.

La place de chanteuse semble donc être la plus évidente à occuper pour les femmes, si bien qu’on se retrouve dans une configuration type « principe de la schtroumpfette », la chanteuse étant seule, entourée d’hommes.

Des chanteuses en vitrine ?

La chose se vérifie jusque sur les photos promo, avec cela de plus que les chanteuses sont avantageusement isolées par rapport au reste du groupe. Elles apparaissent très lookées (et souvent vêtues des fameux corsets), au centre de la photo et en avant par rapport à des musiciens vêtus de noir et bien moins visibles. Parfois, on a presque le sentiment de voir une chanteuse poser avec son backing band.

                                   Xandria                                     

 

Delain

Within Temptation

Bien sûr, c’est une évidence que les photos promo tendent en général à accentuer la présence du chanteur ou de la chanteuse, celle ou celui qui par sa voix donne une identité au groupe (l’incroyable polémique suscitée par l’arrivée d’Anette Olzon dans le groupe Nightwish l’a prouvé). Mais ici, l’hypervisibilité de la chanteuse se fait nettement au détriment des musiciens et accentue la séparation des sexes.

De même, comment peut-on prendre la décision de plaquer le visage de la chanteuse sur une pochette d’album en faisant abstraction du reste du groupe, comme on l’a vu, entre autres (les exemples ne manquent pas), avec Evanescence sur l’album Fallen ?

La mise en avant d’Amy Lee, qui représente un canon du metal symphonique inspiré du physique de Tarja Turunen (cheveux longs et noirs/yeux clairs – remarquez à quel point son nez et sa bouche sont presque invisibles comme pour insister sur ces deux repères) était-elle une stratégie commerciale ? D’autant plus qu’Evanescence n’est pas au sens strict un groupe de metal symphonique mais de metal alternatif, qui a cependant pu bénéficier de cette confusion. Quoiqu’il en soit, la chanteuse semble devenir un signal vendeur, typique d’un style de musique. Comme si le fait d’être une chanteuse était un effet de mode.

C’est sans doute de là qu’est née la catégorie qui tue, celle de « metal à chanteuse », une catégorie qui se repaît à mon avis de ces clichés (qui ne peuvent résumer à eux seuls le metal symphonique, on y reviendra). Cette expression de « metal à chanteuse » nous dit deux choses. Tout d’abord à quel point la présence féminine est suffisamment minoritaire pour qu’on en vienne à la signaler ainsi, par la création d’une catégorie. Elle montre aussi à quel point la présence d’une femme est devenue définitoire d’un style de musique, comme s’il n’y avait qu’un seul type de « metal à chanteuse » : le métal symphonique. Un festival a été crée au Pays-Bas, le Metal Female Voice Festival, réunissant presque exclusivement des groupes de metal symphonique « à chanteuse », alors qu’il existe bien des groupes de métal symphonique « à chanteur » et surtout des groupes dont les chanteuses ne font pas dans la chant lyrique. Le webzine Music Waves pointe ce curieux amalgame entre « metal à chanteuse » et metal symphonique dans une interview du groupe Epica (ici):

« J’ai été assez surpris de lire que pour la promo d’Epica, Nuclear Blast parle de vous comme d’un groupe métal à chanteuse. Je trouve la définition assez restrictive car nous ne lisons jamais d’un groupe qu’il est un groupe de métal à chanteur. »

Simone Simons, chanteuse du groupe, répond :

« C’est ce que je pense également ! Tant que Mark [qui assure les grunts] ne comptera que pour du beurre, nous ne serons qu’un groupe à chanteuse (Rires) ! [… ] Dire que notre genre est groupe de métal à chanteuse est inexact parce que ‘groupe de métal à chanteuse’ ne nous décrit pas assez bien parce que tu as plein de styles de groupe de métal à chanteuse. Epica est un groupe de métal symphonique avec tout ce que cela peut comporter ! »

Et plus loin :

« Quoi qu’il en soit, même si dans un groupe comme le nôtre, il n’y a qu’une chanteuse, il y a aussi cinq mecs dans le groupe et nous ne pourrions pas être ce que nous sommes sans eux ! »

Jeux de rôle

L’expression « metal à chanteuse » cantonne les chanteuses dans un style et accentue l’usage et la visibilité de stéréotypes qui ne suffisent pourtant pas à définir le métal symphonique, de même que l’appellation assez méprisante de « metal à corsets » ne suffit pas à décrire cette branche du metal symphonique féminin que le chroniqueur de Collapse déclare révolue. J’aimerais donc nuancer les clichés décrits plus haut afin de montrer que si le metal symphonique repose sur une base qui donne aux femmes (et aux hommes) un rôle traditionnel ou cliché, il peut rester pour eux un espace de jeu.

Cela se vérifie notamment en concert, où le côté grand-guignolesque des rôles genrés est assumé avec distance. Car le metal symphonique est avant tout le plaisir du rôle, du déguisement (sur scène comme dans la salle, on se déguise pour un concert, c’est un costume que l’on revêt pour une occasion). Curieusement, ces groupes, malgré le décorum, malgré leurs « costumes » de belles et de bêtes, ne se figent pas dans les images qu’ils proposent. Sur scène, celui qui assure les grunts prend des poses de troll et en rajoute avec des mimiques (on peut penser à Mark d’Epica ou même à Marco dans le clip « Wish I had an angel » de Nightwish). Je me souviens d’un concert d’Epica où Simone imitait les poses viriles des musiciens. Si un imaginaire parfois étroit guide les groupes, la scène est un théâtre où chacun joue son rôle avec distance et le remet en « jeu ».

La cohésion du groupe s’y affirme aussi par delà la répartition genrée. Plus de visages figés, de poses renfrognées et de séparation entre les membres du groupe comme sur les photos promo : la scène offre une possibilité d’interaction, de complicité et de dialogue, dont la tendance « beauty and the beast » est peut-être le meilleur exemple.

 

Chalcédoine

Pour aller plus loin :

–        Le site de Lori Linstruth (guitariste de Stream of Passion à ses débuts). Sur une très bonne page (en anglais), elle s’intéresse à l’offre de guitares réservée aux filles et qui fait de l’instrument un accessoire.  http://lorinator.feminoise.com/guitars-for-girls-and-why-they-suck-so-far/

–       Jérôme Alberola, Les belles et les bêtes, Anthologie du rock au féminin, de la soul au metal, Camion Blanc, 2012.

 

Pour le plaisir ou pour découvrir :

–       Epica : http://www.youtube.com/watch?v=vFwHTNETEGs

–       Nightwish : http://www.youtube.com/watch?v=eJTlH521E6w&feature=related

–       Within Temptation :

–       http://www.youtube.com/watch?v=IOYgWyZ4Qz8&feature=related

–       Stream of Passion : http://www.youtube.com/watch?v=H1wrCyxLpJg&feature=related

–       Harpia Deiis : http://www.youtube.com/watch?v=UwCK-MKO38o

–       Delain : http://www.youtube.com/watch?v=raFCA-39bm0&feature=related

 


[1] Voir ce strip pour un live report d’Epica :  http://lepetitmetalleuxillustre.blogspot.fr/2012/05/epica.html

[2] Une « technique vocale qui confère à la voix un timbre guttural et caverneux » (wikipedia). Une femme est tout aussi capable de produire des grunts qu’un homme : pensez à Candice Clot de Eths ou Angela Gossow de Arch Enemy… mais ce ne sont pas des groupes de métal symphonique.

21 commentaires sur « Le metal symphonique : un monde de belles et de bêtes ? »

  1. Bravo pour cet excellent article (et merci de me confirmer que je ne suis pas la seule à déplorer le sexisme latent de l’univers metal).
    Lisant un peu la presse metal, je me suis rendue compte il y a quelque temps que je ne voyais presque pas un seul numéro de Metallian ou de Hard Rock Mag sans relever une petite allusion sexiste, des commentaires inutiles sur le physique des chanteuses (puisque les musiciennes dans le metal, et comme en jazz d’ailleurs, sont surtout des chanteuses).
    Il y aurait aussi beaucoup à dire sur la place des femmes dans le metal en général, quoique effectivement, le symphonique en soit un bon miroir 🙂

    1. Merci pour ta lecture et ton commentaire.
      En effet, j’ai choisi de me concentrer uniquement sur le metal symphonique car c’est le milieu metal que je connais le mieux mais tu as raison, il y a une masse de choses à dire sur le metal en général. D’aileurs, si tu te sens l’envie, tu peux contribuer!

  2. La focalisation des pochettes d’album sur un membre en particulier d’un groupe, le plus souvent le chanteur, mettant en exergue son physique particulier, ne se limite pas au métal.

    Prenons par exemple feu Midnight Oil (un groupe de rock australien que les plus jeunes ici ne connaîtront sans doute pas). Il était composé d’hommes au physique quelconque, sauf le chanteur, très grand, chauve (sans doute crâne rasé par rapport à une calvitie précoce), au physique de « tueur », prenant des poses et faisant des gestes très marqués sur scène. Sur plusieurs pochettes, on ne voit que lui, sur d’autres, il est au premier plan bien visible.

    Pour reprendre l’exemple de Tarja Turunen, celle-ci a toujours eu un look visant à la mettre en avant: d’abord très goth (mais, vous me direz, Tuomas Holopainen aussi) puis diva (robes amples).

    Vous relevez avec justesse la possibilité des choix selon le « placement commercial ». De fait, pour percer, un groupe doit « exister » et ne pas faire comme la masse des autres. Des groupes d’hommes qui gromellent sur fond de guitares saturées, il y en a de très nombreux. Ceux avec des musiciens de bon niveau sont moins nombreux. Il faut tout de même quelque chose « en plus », et le « en plus » peut être la femme, élément étrange. Dans le cas de Marilyn Manson, le « en plus » est l’image androgyne et sulfureuse du chanteur.

  3. Article tout à fait intéressant. Néanmoins, c’est une question de point de vue, de verre à moitié plein ou à moitié vide. En effet, le métal symphonique a son lot, comme tous les genres (désolée, la « modalité » du métal, depuis plus de dix ans que j’en écoute, je n’ai guère vu ce terme… ;)) a ses codes. Mais la sphère métal dans son ensemble n’est pas si macho que ça, Doro est adulée depuis des décennies, la scène s’est bien féminisée, avec des groupes comme les Crucified Barbara (exclusivement féminin) ou Eths qu’on ne peut accuser de mettre en avant un chant féminin « doux »… On pourrait multiplier les exemples, ce qui n’est pas le lieu dans un commentaire. D’où « le verre à moitié plein… ». Par ailleurs le discours parfois macho n’est majoritairement qu’une façade drôlatique : pour avoir vécu la scène de près, rédigé des chroniques et rencontré des groupes, ce ne sont le plus souvent que blagues potaches.
    En préférant le verre à moitié plein, je suis assez contente que ces chanteuses permettent à certaines filles de s’intéresser au métal, et je suis fière de ces leadeuses emblématiques.

  4. Etant une grande fan de métal symphonique (surtout de Within Temptation et de Nightwish à vrai dire) et d’Evanescence (que j’ai du mal à classer dans le métal, ce qui m’a étonnée de la voir là) cet article m’a grandement intéressée, d’autant plus que je ne m’étais jamais rendue compte que la stratégie commerciale de ce genre de groupe pouvait être sexiste. Bien que je trouve que ce soit tout à fait vrai, je ne suis pas tout à fait sûre que ce soit si sexiste que ça. Par exemple pour Evanescence je pense que le fait qu’Amy Lee soit aussi représentée est normal étant donné que sa voix est vraiment très marquante dans les chansons, beaucoup plus que l’instrumental (en général) et qu’elle chante surtout à propos de ce qui la concerne. Pour Within Temptation, je connais un peu moins les albums qui ont été cités dans leur ensemble, et voir la figure féminine représentée de façon angélique m’a un peu étonnée dans la mesure ou leurs chansons comme Lost, Memories, Angels, ou même Hand of sorrow… ne m’évoquent pas du tout ça. Pour Nightwish, la critique me paraît davantage fondée, surtout que leur image a pris un sacré coup après le remplacement de Tarja. Pour Epica je vais me taire car je ne connais quasiment pas ! Enfin, merci pour cet article détaillé qui m’a permis d’ouvrir les yeux et de nuancer mon point de vue vis à vis de ce genre de la musique que j’aime vraiment beaucoup. Bon travail de rédaction, portez vous bien !

    1. Merci pour ton commentaire. Si je comprends bien ce que tu veux dire, il y aurait une cohérence entre l’importance de la voix de la chanteuse et la mise en avant de son image. Comme je l’écris dans l’article, c’est vrai que ça semble évident qu’avec la dominante vocale qui caractérise le metal symphonique, la chanteuse soit mise en avant. Mais je me permets d’avoir des soupçons quant à cette mise en avant car elle semble parfois si caricaturale que ça sent le placement commercial à plein nez… A la place de Ben Moody (qui a crée le groupe avec Amy), j’aurais été assez vexé en voyant la couverture de l’album Fallen… De plus, selon moi, il ne faut pas oublier que malgré l’importance des leadeuses, on a toujours affaire à un groupe, un collectif qui joue ensemble et qui assume sa musique en tant que collectif. Et je t’avoue que j’ai beaucoup de sympathie pour les groupes qui respectent la place de chacun de leurs membres.

      1. Bonjour, et félicitation pour cette analyse très intéressante. Bossant sur le site que… tu cites, je me devais de réagir et apporter mon approbation quant à ton analyse, même si comme certains avant moi je me dois d’apporter quelques précisions et nuance.

        Certes, le metal symphonique traine derrière lui une réputation assez négative, en grande partie liée à la place des femmes qui ont, quoi qu’on en dise, participé à son développement et à sa popularité. Je dirais même que le sympho souffre de clichés qui vont bien au-delà du sexisme, puisque on a même été taxé de « gayzou », qui plus est par des proches d’un groupe…à chanteuse. Autant dire que si le metal peut être considéré comme sexiste, à part quelques exceptions jouant sur la confusion sexuelle (Marilyn Manson, Rammstein, The CNK), il y aurait également beaucoup à dire sur son rapport à l’homosexualité (je ne serai pas étonné d’apprendre que certains groupes féminins aient été taxés de lesbiens, que cela soit vrai ou non).

        Une précisions également quant à l’esthétique Belle et la Bête. C’est avant tout une caractéristique de la musique gothique, récupérée il est vrai par le sympho, mais qui prééxistait avant lui (exemple bateau Theatre of Tragedy, premier du genre). Mais là, on joue avec les étiquettes. De même, comme le soulignait Vivelaroseetlelilas, des femmes dans le metal, il y en a au moins depuis les années 1980, certaines exploitant d’ailleurs une imagerie sexualisée très offensive, reprenant à leur compte, mais dans une logique de jeu, comme tu le rappelles bien, des comportements traditionnellement masculins.

        J’ai souvenir que Nicolas Bénard, dans La culture hard rock, consacrait plusieurs pages sur la place des femmes dans le metal. Mais, de manière générale, je ne peux que souscrire à ta condamnation de l’effet Schroumpfette. C’est d’autant plus dommage que le metal est avant tout une musique, et que certains le font dériver, par vélléités commerciales, vers des arguments promotionnels très normés et surtout très archaïques (mais bon, ça se saurait si les métalleux étaient des progressistes, le seul fait de traiter de sujets mythologiques, folkloriques ou historiques le prouve, mais bon, ça c’est leur côté romantique).

        Enfin, des femmes qui grunts, dans le metal, s’il y en a pas ou peu dans le sympho, il y en a ailleurs. Pensons à Arch Enemy. Angela Gossow est sans doute la première femme à pratiquer le chant death dans le metal. Elle a fait des émules, de sorte que l’on peut rencontrer, comme sur les derniers Kells ou Kerion, un double chant clair/grunt assuré par une ou plusieurs femmes (cf. Rachel, qui s’est justement présentée à la France à un incroyable talent : http://www.youtube.com/watch?v=lILoAi_HcBI).

        Bref, même si le metal véhicule encore beaucoup de stéréotypes sexistes, et que certains comportements ont pu provoquer des dissenssions entre hommes et femmes (le départ de Tarja, et certainement celui d’Anette, ont été motivés par la difficulté de vivre avec des garçons immatures, il faut lire la bio du groupe, c’est éloquent), cela reste en général du second degré. Sauf peut-être pour certains… Mais on ne peut pas être derrière chaque musicien pour lui rappeler de faire de la musique avant de vouloir faire du fric, avec ou sans chanteuse, avec ou sans corset !

  5. Hello et merci pour cet article, très intéressant, surtout en ces temps où on commence enfin à s’intéresser au « sexisme ordinaire » dans pas mal de milieux.

    J’avoue qu’en tant que chroniqueur (amateur) de musique et, notamment, de métal symphonique, j’utilise souvent l’expression « métal à chanteuse » (au point que c’est même un mot-clé). À ma décharge, je voyais plus ça comme un commentaire sur le fait qu’objectivement, la très grandes majorité des groupes de métal (et d’ailleurs la plupart des groupes de rock) ont des chanteurs.

    Mais c’est vrai qu’à côté, il y a l’utilisation stéréotypée de l’imagerie féminine qui, même si je la soupçonne souvent assumée comme telle, soulève pas mal de questions sur la perception du rôle de la femme dans le métal.

    1. Merci pour ton commentaire. Effectivement, par l’expression « metal à chanteuse » on attire l’attention sur ce qui est, hélàs, une exception mais je ne pense pas que la plupart de ceux qui l’emploient voient ça comme une forme de discrimination positive. A mon avis, cette expression de « metal à chanteuse » n’est pas une catégorie valable pour décrire une musique. Les commentaires le montrent, les chanteuses de metal dépassent le rayon étroit du metal sympho : cette expression se base donc uniquement sur des critères genrés et n’a pas d’utilité. C’est aussi absurde que si l’on trouvait dans une librairie, un rayon « Femmes écrivains » (ou Ecrivaines, soyons fous) et que tout le reste était consacré à une littérature écrite par des hommes…

  6. Certains groupes comme Arkona ou Arch Enemy ont su donner à leurs chanteuses des rôles d’hommes. Arkona bénéficie d’ailleurs du fait de se trouver à la frange du folk métal où le mélange homme-femme se fait plus aisément comme dans Eluveitie ou Huldre qui ont aussi chanteuses et même musiciennes.

    Tout espoir n’est pas perdu donc.

  7. J’aime beaucoup ton article, je me permet de donner un contre exemple qui pourrait te plaire, et qui est assez rare pour être mentionné.
    Le groupe japonais Maximum the Hormone, il y a une batteuse (woa !) qui ne répond en rien au cliché de la femme dans le metal, et ça fait du bien 😀
    Ils ont leurs petit succès en France aussi.

  8. Super billet, dans un contexte « culture » en plus, qui d’une part critique les machistes du metal (Epica du metal en même temps…bref), et d’autre part qui publie des couvertures de hardrock magazine avec des grosses metalpouffiasses qui noient la vraie existence de musiciennes metal sous une couche de merde de frustrés pervers, et qui de plus place la femme comme un objet…Un peu contradictoire non ? je préfère les gens qui vont avoir une vraie opinion et dire carrément : « je n’aime pas les femmes dans le métal » ou encore « la femme n’y a pas sa place ». Au moins ça a le mérite d’être clair. Ici on a un auteur qui nous explique que le monde du métal est si cruel envers ses femmes ! et de l’autre coté « nan nan la femme cest un objet visuel pour décorer les groupes »…..Mais lol quoi vas te pendre mec

  9. Wow… il y a à boire et à manger dans cet article!
    S’il est vrai que les chanteuses sont mises en avant dans le métal symphonique, il me parait restreint de se confiner à leurs attributs physiques! La plupart de ces filles ont avant tout une voix extraordinaire. Et ce qui fait toute l’originalité du métal symphonique, c’est bien cette opposition lyrique/gros son. D’ailleurs, quand j’écoute un CD d’Epica, je ne passe pas mon temps à me palucher sur la chanteuse, c’est bel et bien l’ensemble (chant, métal, grunt, orchestration)qui fait que ça fonctionne.
    Le problème est qu’il faut vendre!
    alors, si pour vendre et être connu, les groupes décident de mettre en avant la chanteuse, grand bien leur fasse.
    Ca aura de plus l’avantage de frustrer un peu plus tous les bourrins qui critiquent si bien, mais qui ne seraient pas foutus d’en faire la moitié!

    Pour finir, Evanescence n’est définitivement pas un groupe de métal symphonique!

  10. Hello !

    Je suis tombé sur ton blog un peu par hasard (sur le twitter de Maître Eolas, oui oui, et en furetant j’ai été surpris de découvrir un article sur mon sujet de prédilection : le metal à chanteuse !

    Second degré bien sûr.
    Je bosse aussi pour un webzine spécialisé en metal mélodique, où je chronique et interviewe des albums.

    En premier lieu, la majorité des chroniqueurs n’est pas trop partant pour écouter, ou même apprécier les différents groupes « à chanteuse ». Parce que voilà ma bonne dame : c’est à chanteuse, donc c’est moins bien.

    Et pour en avoir écouté pas mal, j’ai effectivement remarqué que, souvent, et quel que soit le sous-genre, un groupe avec une chanteuse s’appuiera souvent beaucoup (trop) sur sa présence pour percer, au détriment de l’instrumentation, et de la composition.

    Les clichés « beauty & the beast » ont la peau dure, et avant de trouver des groupes qui tiennent vraiment la route dans ce domaine, il faut s’accrocher. Pourquoi on s’y attache, et pourquoi on les remarque ? Parce qu’ils sortent de « la norme », la norme étant un groupe de mecs. Il y a bien sur des tas de groupes de mecs mauvais, qui ne perceront jamais. Mais on n’en parle pas, parce que c’est la norme. Un groupe avec une chanteuse fera tout de suite plus de vagues.

    Concernant le sujet du marketage de ces groupes, je blâme les maisons de disques, qui tendent effectivement à appuyer sur ces points là. Elles font du mal aux bons groupes, qui auraient décidé de se constituer avec une chanteuse.

    Mais les artistes (la plupart) ne sont pas dupes, et prennent ça comme une opportunité !
    Dans une interview de Cristina Scabbia, je me rappelle qu’à la question « bon, être la meuf la plus bonne du metal, ça fait quoi ? » avait répondu avec un gros éclat de rire que si ça leur permet de se faire connaître … Et puis c’est toujours flatteur !

    D’un autre côté, Doro citée un peu plus haut profite de son statut de « reine du metal » pour essayer de rendre la vie des artistEs plus facile dans ce milieu difficile.

    Petite anecdote qui montre encore le sexisme latent du milieu : Lori Linstruth estla compagne d’Arjen Lucassen (compositeur d’Embrace the Storm de Stream of Passion); Elle est arrivée et partie en même temps que lui sur le projet !
    Ce qui a aussi fait douter certains membres de la communauté de ses compétences (alors que merde quoi, Lori Linstruth !)

    Bref. Le sujet est vaste, et comporte clairement un problème de fond sur le sexisme dans le milieu du metal, autant le metal à chanteuse, s’il ne devrait pas être « un genre » est marketté comme tel par les maisons de disques, et devient une réalité.

    Au passage, le Metal Female Voices Fest est en Belgique. Certes flamande, mais en Belgique quand même !
    Au passage (bis) : de nombreux groupes avec chanteur + chanteuse ont leur chanteur qui n’est pas musicien ! (Leaves’ Eyes justement, mais aussi Deadlock, ou encore Tristania).

    A bientôt !

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